SARS-CoV-2 : un mécanisme de transmission inédit

D’une manière générale, les cellules portent sur leur surface des récepteurs, dont certains servent seulement à l’accrochage des virus alors que d’autres peuvent contribuer au franchissement de la barrière cellulaire. Ainsi la glycoprotéine S, présente à la surface du Coronavirus SARS-CoV-2, permet l’entrée du virus dans les cellules humaines via son interaction avec un récepteur, l’enzyme ACE2, présent à la surface des cellules infectées. Des scientifiques du groupe M&P de l’IBS, en collaboration avec le groupe CAID et la plateforme de microscopie électronique de l’IBS, ainsi que des chercheurs espagnols et italiens, ont démontré que des récepteurs lectines (DC-SIGN, L-SIGN , MGL et Langerin) de cellules immunitaires sont également capables de reconnaitre la protéine S du SARS-CoV-2. Cette interaction implique une reconnaissance multi-site de la protéine S en exploitant les différents glycanes (sucres) de surface de la protéine S. Elle ne cause pas l’infection directe des cellules par le SARS-CoV-2 mais DC-SIGN et L-SIGN sont capables, une fois qu’ils ont accroché le virus à la cellule, de le transmettre aux cellules permissives possédant ACE2. La glycoprotéine S s’avère donc posséder tout un jeu de clés pour permettre au SARS-CoV-2 de proliférer.
Ces résultats, déjà démontrés sur des pseudo virus il y a quelques mois en prépublication, sont aujourd’hui confirmés par l’utilisation de virus SARS-CoV-2 authentiques, et sur des cellules respiratoires humaines. Les chercheurs ont en outre démontré qu’il est possible d’inhiber ce mode de transmission du virus par l’utilisation de glycomimétiques, des molécules pouvant mimer les sucres de surfaces du virus. Ces inhibiteurs glycomimétiques développés à l’IBS vont constituer un premier outil pour étudier, dans les mois à venir, l’importance relative de ce mode de transmission. Communiqué de presse UGA

DC/L-SIGN recognition of spike glycoprotein promotes SARS-CoV-2 trans-infection and can be inhibited by a glycomimetic antagonist. M. Thépaut, J. Luczkowiak, C. Vivès, N. Labiod, I. Bally, F. Lasala, Y. Grimoire, D. Fenel, S. Sattin, N. Thielens, G. Schoehn, A. Bernardi, R. Delgado, F. Fieschi. Plos Pathogens ; 17(5):e1009576.

Contact : Franck Fieschi, professeur UGA rattaché à l’IBS (Groupe Membrane et pathogènes)