Des pseudo-adénovirus chimériques pour combattre les virus émergents

Les maladies infectieuses continuent de décimer les populations dans le monde entier. Parmi les moyens dont nous disposons pour contrer ces menaces, la vaccination s’est avérée exceptionnellement puissante. La variole a été éradiquée, la rougeole et la poliomyélite sont contrôlés par la vaccination. Cependant, de graves menaces pèsent toujours comme en témoignent les épidémies causées par les virus Ebola ou Zika. Un autre exemple récent est le virus Chikungunya, un pathogène viral transmis par la piqûre du moustique tigre. Autrefois confiné à l’Afrique subsaharienne, le virus Chikungunya s’est récemment répandu dans le monde entier depuis que ces moustiques vecteurs remontent géographiquement vers les pôles du fait du changement climatique.
L’équipe ‘Adénovirus’, du groupe Microscopie Electronique & Méthodes de l’IBS a constitué un consortium international avec l’EMBL et l’Université de Bristol pour imaginer une nouvelle technologie vaccinale. En effet, cette équipe travaille sur une protéine de l’adénovirus s’auto-assemblant spontanément par 60 pour donner une particule particulièrement stable même sans réfrigération ressemblant à un virus mais étant non infectieuse. Une étude par cryo-microscopie électronique a montré que cette particule possède une surface quasi-sphérique très flexible. Une ingénierie de cette protéine adénovirale a alors été menée pour remplacer à façon ces régions exposées par celles provenant d’autres pathogènes. Une preuve de principe a été établie en exprimant une particule affichant des épitopes neutralisants du virus Chikungunya. Ces néo-particules chimérique Adénovirus/Chikungunya ont donné des résultats prometteurs dans les études animales comme le montrent à la fois leur drainage vers les ganglions lymphatiques et la réponse humorale produite contre les épitopes du virus Chikungunya couvrant la particule. Cette technologie vaccinale simple d’emploi, basée sur une particule unique pouvant être modifiée par biologie synthétique a été brevetée par le CNRS et l’EMBL et pourrait à terme permettre de combattre de nombreuses autres maladies infectieuses. Les résultats viennent d’être publiés dans la prestigieuse revue ‘Science Advances’.

Synthetic self-assembling ADDomer platform for highly efficient vaccination by genetically encoded multiepitope display. Charles Vragniau, Joshua C. Bufton, Frédéric Garzoni, Emilie Stermann, Fruzsina Rabi,Céline Terrat, Mélanie Guidetti, Véronique Josserand, Matt Williams, Christopher J. Woods, Gerardo Viedma, Phil Bates, Bernard Verrier, Laurence Chaperot, Christiane Schaffitzel, Imre Berger and Pascal Fender. Science Advances ; Vol. 5, no. 9, eaaw2853